Chaque fois que je suis invitée chez de nouvelles connaissances, je contemple leur bibliothèque. On en apprend beaucoup sur les gens en regardant les livres qu’ils lisent.
Le contenu de la bibliothèque des amis qui nous reçoivent ce soir est éclectique: aucun agencement logique. L’ordre alphabétique n’est pas respecté. Les auteurs de polars côtoient des philosophes ou des sages religieux. Lafontaine discute avec Bouddha pendant que Baudelaire et Tolstoï échangent les dernières nouvelles. Il me faut plusieurs minutes pour arriver au bout des rayonnages, et là, surprise! Un ouvrage si volumineux qu’on a dû le poser en travers de l’étagère apparaît. Il est recouvert d’une belle reliure en cuir. C’est une Bible d’Ostervald! Une vraie!
J’en demande l’origine à mon hôte.
— C’est une Bible de famille, dit-il en plaçant l’ouvrage sur la table. On était protestant dans ma famille. Au décès de mes parents, j’ai reçu cette Bible.
— Elle date de 1830. Elle est annotée: c’est une Bible d’étude, dis-je en feuilletant soigneusement les pages jaunies par le temps.
— Si tu veux, je te la prête. Il faut bien que les livres servent. Moi, je n’en fais rien.
La Bible de Jésus
C’est indubitable: les livres servent de moins en moins aujourd’hui. Et la Bible ne fait pas exception. Selon un sondage IPSOS, réalisé en 2022[i], seuls 27% des Français en possèdent une (contre 42% en 2001). Job et ses souffrances sont inconnus pour plus de 60% des Français. Seul 1% des Français déclarent lire leur Bible tous les jours ou presque.
Jésus, lui, lisait sa Bible. Il la lisait, la méditait, la mémorisait, la citait, et ce dès sa plus tendre enfance. À douze ans déjà, sa connaissance surprend: «Tous ceux qui l’entendaient s’émerveillaient de son intelligence et de ses réponses» (Luc 2.47). La Bible que lisait Jésus était évidemment l’Ancien Testament. Il connaissait sa Bible «depuis […] Abel jusqu’à […] Zacharie» (Luc 11.51), c’est-à-dire de A à Z, Abel se trouvant au tout début de la Genèse et Zacharie étant le dernier prophète cité dans les écrits juifs.
Ce que nous croyons influence ce que nous faisons. Ce que Jésus croyait concernant la Bible était si énorme que cela transpirait dans sa manière de vivre. Pour Jésus, la Bible était Parole de Dieu.
Pour Jésus la Bible est:
Inspirée par Dieu
En Matthieu 19, les pharisiens espèrent pouvoir coincer Jésus avec une question sur le divorce. Jésus les ramène au début de la Bible, en Genèse 2: «N’avez-vous pas lu dans les Écritures qu’au commencement le Créateur a créé l’être humain homme et femme et qu’il a déclaré: C’est pourquoi l’homme laissera son père et sa mère pour s’attacher à sa femme, et les deux ne feront plus qu’un?» (Matthieu 19.4-5). Selon Jésus, c’est Dieu qui parle en Genèse 2.24. Pourtant, à bien y regarder, le narrateur, c’est Moïse. Une contradiction? Non. En fait, ce que Jésus dit, c’est que Dieu a inspiré l’auteur de la Genèse.
Ailleurs, Jésus évoque David. Il affirme que c’est sous l’inspiration de l’Esprit de Dieu que David écrivait les Psaumes: «David lui-même, inspiré par le Saint-Esprit, a déclaré: Le Seigneur a dit à mon Seigneur: Viens siéger à ma droite» (Marc 12.36).
Pour Jésus, comme pour Paul plus tard, «toute l’Écriture est inspirée de Dieu» (2 Timothée 3.16).
Vérité
Jésus croyait que les histoires de l’Ancien Testament étaient historiquement vraies. Il cite, sans aucun embarrassement, Adam et Ève (Matthieu 19), Noé et le déluge (Matthieu 24), Jonas et le poisson (Matthieu 12). Évidemment, ces récits étaient aussi admis par les responsables religieux de l’époque. Jésus, en butte avec ces autorités religieuses, aurait pu réfuter leurs arguments en balayant ces récits, les reléguant au rang de mythes ou de légendes. Mais non, Jésus s’appuie justement sur ces histoires pour démontrer l’hypocrisie des responsables religieux.
En Jean 10, accusé par les pharisiens, Jésus utilisera à nouveau l’argument de la véracité de l’Ancien Testament. Il déclare: «L’Écriture ne peut être annulée» (Jean 10.35). Et plus loin encore, il affirmera dans une prière à Dieu: «Ta Parole est la vérité» (Jean17.17).
Toujours pertinente aujourd’hui
Dans le sermon sur la Montagne, Jésus affirme qu’il n’est pas «venu abolir ce qui est écrit dans la Loi et les Prophètes» (Matthieu 5.17). Et il ajoute:
Oui, vraiment, je vous l’assure: tant que le ciel et la terre resteront en place, ni la plus petite lettre de la Loi, ni même un point sur un i n’en sera supprimé jusqu’à ce que tout se réalise.
Jésus déclare que ce qui se trouve écrit dans sa Bible reste pertinent pour son temps et les temps à venir. Pourquoi? Parce que le Dieu de toute éternité a choisi de se révéler au travers de ces textes. Et parce que le Dieu qui a créé les êtres humains leur révèle qui ils sont. Ainsi donc, si Dieu ne change pas, si la nature de l’homme ne change pas, les écrits qui en parlent sont encore pertinents de nos jours.
Vivante et efficace
Si la Parole de Dieu nous renseigne sur Dieu et sur nous-mêmes, elle nous renseigne également sur la voie du salut. Oui, Romains 1.20 nous dit qu’en contemplant la création nous pouvons commencer à nous faire une idée sur Dieu, le créateur. Mais nous avons besoin de la Bible pour savoir à quel point nous sommes séparés de lui. Nous avons besoin de la Bible pour savoir que Dieu, dans son amour, est venu pour nous sauver. Jésus, Dieu fait homme, lui qui a quitté son ciel de gloire pour mourir à notre place, cite Abraham et Moïse pour mettre en évidence l’incrédulité de ses contemporains au sujet de la vie éternelle: «S’ils n’écoutent ni Moïse ni les prophètes, ils ne se laisseront pas davantage convaincre par un mort revenant à la vie!» (Luc 16.31). Le mort qui reviendra à la vie, Jésus, déclare qu’il nous est nécessaire d’écouter et de croire Moïse pour avoir part au salut. Les miracles existent, oui. Mais Jésus à l’audace de dire que la Parole de Dieu, révélée depuis des siècles, a le pouvoir de changer nos cœurs et notre vision de la vie. Les miracles, eux, non.
La perspective de Jésus sur les écrits de l’Ancien Testament façonnait sa vie tout entière.
La Bible au cœur de la vie de Jésus
Jésus vivait littéralement en s’appuyant sur la Bible. Il citait les Psaumes pour se lamenter, évoquait les récits de l’Ancien Testament pour enseigner, pensait aux Prophètes pour tenir bon dans son ministère et se donnait même un titre tiré des écrits de Daniel: «Le fils de l’homme». Contrairement à mon ami dont la Bible sommeille sur une étagère, Jésus se servait de sa Bible. En cela, il nous donne un exemple.
Face à la tentation
Jésus a utilisé la Bible lorsqu’il était tenté dans le désert (Matthieu 4). Il n’a pas simplement cité des versets en l’air, en espérant que cela suffirait. La Bible n’est pas un objet magique et les versets qu’elle renferme ne sont pas des formules incantatoires. La magie, ce n’est rien d’autre que des tentatives humaines pour essayer de manipuler, si c’était possible, quelques forces occultes pour parvenir à nos fins. Non, la Bible n’est pas un objet que nous pouvons contrôler, dominer, orienter selon nos propres désirs.
Contrairement au diable, qui lui utilise la Bible sans s’y soumettre, Jésus prend soin de citer des passages de l’Écriture de manière appropriée. Il ne cite pas hors contexte et chose fascinante, le Fils de Dieu se soumet à l’Écriture. Il s’en sert, non pas pour son propre intérêt, mais pour le but que Dieu lui a fixé: l’adoration (Matthieu 4.10). Puissions-nous faire de même!
Face à l’opposition
À de très nombreuses reprises, Jésus a été pris à partie. Là encore, il renvoie ses opposants à l’Ancien Testament: «N’avez-vous pas lu» (Matthieu 12.3; 19.4; 22.31; Marc 12.10) ou «Il est écrit» (Marc 7.6; Jean 6.45; 8.1). À Nicodème, un chef religieux instruit dans la Loi, Jésus évoque la nécessité de naître de nouveau pour entrer dans le Royaume de Dieu. Devant la surprise de son interlocuteur, Jésus s’exclame: «Tu es l’enseignant d’Israël et tu ne sais pas cela!» (Jean 3.10). Pour Jésus, la Bible renferme la réponse aux questions les plus cruciales que nous pourrions avoir. Qu’attendons-nous pour nous y plonger?
Pour accomplir
Jésus réfute, Jésus enseigne, Jésus vit avec la Bible. Mais Jésus fait plus que cela: Jésus accomplit les Écritures. C’est ce qu’il affirme clairement au début de son ministère (Matthieu 5.17). Dans l’Évangile selon Luc, il cite même un passage du prophète Esaïe et affirme en être l’accomplissement: «Aujourd’hui cette parole de l’Écriture, que vous venez d’entendre, est accomplie» (Luc4.21).
Constamment, Jésus s’identifie au Messie promis. Il est le Roi éternel annoncé au psaume 110. Il accomplit la prophétie de Zacharie en entrant dans Jérusalem sur le dos d’un ânon. Il s’identifiait à la manne en Jean 6. Il est celui qui scelle la nouvelle alliance promise en Jérémie 31. Il est le serviteur souffrant annoncé par Ésaïe 53. Et même sur la croix, il cite les Psaumes. Dans son dernier souffle, Jésus déclare: «Tout est accompli.» Après la résurrection, il continuera à faire ce lien entre sa vie et les écrits de l’Ancien Testament. Aux disciples d’Emmaüs par exemple, «il leur expliqua dans toutes les Écritures ce qui le concernait», «en commençant par les écrits de Moïse et continuant par ceux de tous les prophètes» (Luc 24.25).
Oui, la Bible était au cœur de la vie de Jésus. Et Jésus est au cœur de la Bible. En fait, «toute la Bible nous raconte Jésus[ii]».
Et le Nouveau Testament, alors?
Jésus n’en reste pas à l’Ancien Testament: il prépare la rédaction du Nouveau. À la veille de sa mort, il dit à ses disciples:
J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais elles sont encore trop lourdes à porter pour vous. Quand l’Esprit de vérité sera venu, il vous conduira dans la vérité tout entière, car il ne parlera pas de lui-même, mais tout ce qu’il aura entendu, il le dira, et il vous annoncera les choses à venir. Il manifestera ma gloire, car il puisera dans ce qui est à moi et vous l’annoncera. (Jean 16.12-14)
Dans les années qui ont suivi la résurrection de Jésus, les apôtres se sont mis à la tâche, rédigeant les Évangiles, transmettant ce qu’ils avaient reçu à la fois de Jésus lors de son ministère terrestre, mais également par l’inspiration du Saint-Esprit (Éphésiens 3.3-5). Pierre, par exemple, traitait déjà les écrits de Paul comme faisant partie «des Écritures», c’est-à-dire comme étant inspirés par Dieu (2 Pierre 3.16).
La Bible au cœur de nos vies
En regardant la bibliothèque de mes amis, je l’ai trouvé mal rangée: aucune logique, ai-je pensé. Peut-être que c’est aussi le sentiment que vous avez en ouvrant votre Bible: 66 livres mis bout à bout. Et pourtant, en prenant le temps de vous y plonger, vous découvrirez qu’elle renferme un trésor.
Ne soyons pas comme les disciples d’Emmaüs à qui Jésus a dit: «Hommes sans intelligence, dont le cœur est lent à croire tout ce qu’ont dit les prophètes!» Ne soyons pas sans intelligence. Ne soyons pas lents à croire. Pour cela, achetons une Bible, ouvrons-la, lisons-la, aimons-la comme Jésus l’aime.
Miryam L.
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Si vous souhaitez recevoir une Bible, vous pouvez nous contacter ici. Petite astuce: commencez à lire votre Bible par un Évangile, un des premiers livres du Nouveau Testament.
[i] https://www.alliancebiblique.fr/articles/sondage-les-fran%C3%A7ais-et-la-bible
[ii] LLOYD-JONES Sally, La Bible te raconte Jésus, Éditions Clé, 2012.